Extrait :
Ce matin, après deux mois de sécheresse ininterrompue, je me suis
réveillée sous des nuages noirs. Je n’ai pas eu besoin de sortir pour le
constater. De mon lit, je pouvais apercevoir, dans un éclairage étrangement
terne, les palmiers agités par le vent, le vert brillant de leurs palmes
assombri de gris. J’avais dormi longtemps, sans les interruptions que
produit la montée de la clarté, le miracle quotidien d’un retour du jour salué
par les cris des mouettes et les longs roucoulements des colombes. Ici, à
Nice, pendant les mois d’été, je me réveille en plusieurs phases. Non que je
sois poussée par l’anxiété ; au contraire, une impatience de lumière, de
nuances dans la lumière, me rend le sommeil fragile. Ainsi se distingue,
bien avant que le jour atteigne au plein soleil, une blancheur verdâtre qui va
se teinter de rose, pour enfin – et c’est ce qui me réveille complètement –
s’épanouir dans le pur éclat d’une transparence dorée.
L’été flamboie. Tout ce qu’on touche brûle. C’est exaltant et épuisant à
la fois. Comme si on était placé au bord d’un événement extraordinaire :
catastrophe ou révélation. Et du coup, il y a une urgence à jouir, à banqueter
comme des fous, à ajouter la fièvre de l’alcool à celle du monde, à mettre la
musique à pleins tubes, à rire tout seul, assis sur un rocher, les jambes dans
l’eau, en train de contempler le coucher de soleil. Et lorsque, à plusieurs
reprises, le foehn, vent chaud du sud et de massifs montagneux, se met à
souffler, on a l’impression que l’Événement se rapproche.
Format : pdf
Taille : 4 Mb
Langue : français

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