Conscience, mémoire et identité Neuropsychologie des troubles de la mémoire Dunod

Extrait :
La question de définir l’identité pose d’emblée problème. Qui est le
moi ? Est-ce celui qui ressent ? Est-ce celui qui synthétise les vécus en une seule personne ? Le moi est-il spectateur du moi qui vit ? Le moi est-il vraiment palpable, n’y a-t-il qu’un seul moi en moi ? Dans La recherche de M. Proust [2], on comprend la difficulté de définir le moi puisqu’il y a, nous le verrons, un double isolement du moi : d’une part, le narrateur est enfermé dans ses représentations propres du monde ; d’autre part, l’identité véritable, le moi profond du sujet, semble impossible à saisir, il reste isolé quelque part, comme un quelque chose dont on ressent l’existence mais qui paraît ne jamais vouloir se montrer. Comment saisir cette entité qui ne se palpe pas et qui semble ne jamais être la même ? En effet, décrire le moi est complexe, puisqu’en plus d’être impalpable, il se révèle être double tout en restant unique numériquement ; c’est ce que J.-L. Marion nomme « la stupéfiante schizophrénie du je » [3]. Nietzsche va jusqu’à dire qu’il n’y a pas de moi, mais que de multiples
visages nous définissent. Notre esprit est comparé par Nietzsche à un serpent en mutation perpétuelle. Il est impossible d’envisager de devenir ce que nous sommes, mais il faut davantage envisager de détruire ce que nous sommes pour nous construire. Le soi (on parle ici de soi et non plus de « moi », en voulant insister sur ce fait que le soi se compose de différents « moi ») est l’être des métamorphoses, à ce point que nous n’envisageons plus un soi identitaire en notre être, mais plusieurs « soi ». Comment définir alors le soi s’il est multiple ? Peut-on parler d’une identité si nous sommes des êtres changeants dans le temps ?
Format : PDF
Taille : 1.6 MB
Langue : français
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