Extrait :
On peut dire que ce siècle, qui scrute les labyrinthes de
la pensée et de la psyché, est celui de la découverte des
dédales de l’être intérieur, du moins en Occident. Mais à
côté de la richesse de ces explorations jamais achevées, la
pauvreté du discours relationnel saute aux yeux : il est plus
que jamais temps de trouver les moyens de se dire !
Je ne crois pas que la communication personnelle soit de
nos jours plus pauvre que celle des générations et des
époques précédentes, au contraire, mais elle me paraît être
devenue l’objet d’infiniment plus d’attentes, de besoins et
d’espoirs, et par conséquent de déceptions.
L’uniformisation banalisante qui nous menace, la perte
de repères sociaux et religieux, et surtout le manque d’un
idéal convaincant peuvent mener au désarroi, à
l’indifférence, ou à une fixation sur des buts matériels. En
réaction, nombreux sont ceux qui cherchent dans leurs
relations intimes, amicales, familiales et amoureuses, le
sens et la sève de leur vie. Les individus sont de moins en
moins portés par une communication symbolique collective,
qui naguère donnait sens aux âges de la vie.