Extrait :
Les esprits s’échauffent, les gens se tapent dessus, les jeunes détestent les
vieux et inversement. Personne n’est bien. Les femmes pensent que c’est à cause
des hommes, les hommes pensent que c’est à cause de la société, de la politique,
de l’économie, les jeunes se voient sans avenir, sont démotivés, la terre va mal.
Ça m’accable, je me sens impuissante, j’ai l’impression de ne pas avoir ma
place. Je ne crois plus à rien. Je me suis résignée, je n’ai plus envie de rien faire,
même mon apparence, je m’en moque, de toute façon, à mon âge, dans une
société du jeunisme, plus personne ne me regarde », raconte Véronique envahie
par une lassitude existentielle empreinte de ressentiment.
« Je suis victime d’un harceleur au travail, c’est inadmissible, j’ai porté
plainte et je suis allée aux prud’hommes. C’est la troisième fois que je tombe sur
un patron pervers narcissique. J’ai peur que ça recommence même si je change
de travail. Est-ce qu’il n’y a plus que ça aujourd’hui ou est-ce que j’attire les
ennuis ? », se demande Diane qui se sent victime des événements et coincée dans
l’impuissance.
« Je tiens avec de la cocaïne. J’ai fini à l’hosto avec des points de suture. Ce
week-end, j’étais en garde à vue parce que j’ai tout cassé. Chaque fois, après, je
me sens très coupable. Je réessaie de fonctionner normalement et de donner le
change au travail. Je multiplie les projets, les relations avec des femmes mais,
avec elles, soit je suis indifférent, soit je suis très jaloux, dans tous les cas.