Extrait :

Devenue thérapeute depuis près de trente ans, à l’écoute de la souf-

france des personnes, je comprends que c’est l’ignorance de l’in-

tention vivante de l’émotion qui aggrave le processus naturel de

celle-ci et la transforme en stress. Les patients subissent la peur, la

colère ou la tristesse tels un poids, un problème, cherchent comment

s’en débarrasser, accusent les autres, l’environnement, la société

ou eux-mêmes de cette souffrance et se rêvent enfin définitive-

ment soulagés de cette pression intérieure. Bref, ils sont dans une

recherche effrénée de contrôle, jusqu’à se demander de gérer leurs

émotions ! Or nul ne peut échapper à sa nature corporelle et mentale.

Ce n’est pas la psychologie qui peut nous libérer de cet emprison-

nement, mais c’est la connaissance de l’enjeu vital qui nous anime,

la reconnaissance bienveillante de notre part non consciente, car

automatique, qui a son propre langage.

Nous nous pensons humains du seul fait de notre capacité à raisonner ;

nous oublions que nous sommes d’abord humains par notre capacité

à survivre. Cette évidence nous aveugle : nous ne voyons plus que le

fruit de nos pensées et de nos productions sans oser regarder notre

réalité biologique. Ou bien quand nous la regardons, c’est pour en

faire une description physiologique privée de toute intention vitale.

Trop loin dans un regard psychologique, trop près dans un regard

scientifique.

Format : pdf

Taille : 9 Mb

Langue : français

 

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