Extrait :
C’est une fin de journée lumineuse. Il fait très chaud. Mes tresses sont un peu
défaites. J’ai quatorze ans. Je porte l’uniforme du collège et mon sac de cours en
bandoulière. Assise sur le porte-bagages de la vieille mobylette bleue de mon
oncle, je délaisse la ville et son brouhaha. Les vacances sont devant, mon sourire
innocent ; je rentre à la maison. Je me sens légère, forte, protégée derrière oncle
Blabla qui zigzague habilement au milieu d’une circulation dense.
Pour me suivre, il faut quitter la ville, délaisser les routes goudronnées et
s’enfoncer sur des pistes de terre. Des kilomètres de poussière. Ici, le soleil, le
vent, la pluie, l’alternance brutale des changements climatiques accompagnent
les vies, marquent les peaux comme les territoires. La sécheresse, la poussière, la
soif, puis sans transition, les inondations, la boue, les maladies. Là où je vis,
parfois, les maisons brûlent. D’autres fois, elles chavirent. Nous sommes
habitués aux situations d’urgence et à l’inconfort. Ici, les alertes météo comme
les numéros d’assistance ou de prévention des risques n’existent pas. Ici, sans
entraide ni solidarité, les êtres humains ne peuvent survivre. C’est pourquoi dans
les villages nous sommes très liés. C’est pourquoi nos traditions perdurent. Pour
le meilleur comme pour le pire.
Format : pdf
Taille : 3 MB
Langue : français