Extrait :

Soleil et ombre. Si j’emploie ces deux mots, en pensant bien sûr aux origines

espagnoles de Camus, et à son goût pour l’Espagne, qui ne s’est jamais démenti,c’est qu’ils peuvent aussi résumer sa pensée et son œuvre, sa façon de

comprendre la vie, le sens de son combat. Dans une plaza de toros, le soleil est la place des pauvres. L’auteur de Noces a dit lui-même qu’il a passé sa jeunesse « à

mi-distance de la misère et du soleil ». L’ombre, c’est le côté des nantis. On peut

y retrouver le pouvoir, l’injustice, tout ce qui fait le malheur des hommes.

Camus n’a jamais supporté cette perversion de la nature humaine. Il l’appelle

nihilisme.

Peut-être parce qu’il était d’origine très humble et qu’il avait dû se battre pour

conquérir le droit à la culture, il ne pouvait se contenter d’être un artiste. Il n’a

rien d’un dilettante, ni d’un sceptique, ni d’un cynique. Il cherche à se faire du

monde une vision cohérente, dont découlera une morale, c’est-à-dire une règle

de vie. Si sa première analyse le conduit à conclure à l’absurde, ce n’est pas pour

s’y complaire, mais pour chercher une issue, la révolte, l’amour.

Format : pdf

Taille : 3 MB

Langue : français

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