Extrait :
Les reportages dans les médias ont tendance à traiter chaque foyer comme
un phénomène isolé, alors qu’en fait, ils font tous partie d’un vaste schéma
qui remonte à la nuit des temps. Songez aux compositeurs viennois du
XIXe siècle, aux écrivains anglais de l’époque shakespearienne ou aux
artistes de la Renaissance italienne, période durant laquelle Florence, ville
endormie de 70 000 habitants, produisit soudain une explosion de génies
inégalée. Dans chaque cas, les mêmes questions se font écho : d’où sort cet
extraordinaire talent ? Comment se développe-t-il ?
Un embryon de réponse pourrait être donné par une remarquable vidéo
montrant Clarissa (prénom d’emprunt), adolescente de treize ans au visage
couvert de taches de rousseur, qui faisait partie d’une étude menée par des
psychologues australiens de la musique, Gary McPherson et James
Renwick, lesquels suivirent ses progrès à la clarinette durant plusieurs
années. Officiellement, la vidéo s’intitule shorterclarissa3.mov, mais elle
aurait dû s’appeler « La fille qui fit l’équivalent d’un mois de progrès en six
minutes ».
Dans le clip, Clarissa ne paraît pas particulièrement douée. Elle est vêtue
d’un sweatshirt bleu à capuche et d’un short, et arbore une expression
indifférente. En fait, jusqu’aux six minutes filmées dans la vidéo, Clarissa
était qualifiée de musicalement médiocre. Si l’on en croit les tests
d’aptitude de McPherson, les témoignages de son professeur, de ses parents
ainsi que sa propre opinion, Clarissa ne possédait pas de dons musicaux.
Elle n’a pas d’oreille, son sens du rythme laisse à désirer et sa motivation
est inférieure à la moyenne. (Dans la partie écrite de l’étude
Format : pdf
Taille : 4 Mb
Langue : français