Extrait :

Un matin de l’hiver 1944, le jeune Robert Capa rangea dans sa valise son petit appareil photo Leica, un tas de pellicules et quelques vêtements. Il avait glissé dans l’une des poches de sa veste son billet d’embarquement à bord d’un navire en route vers la ʰn de la seconde guerre mondiale. Capa fut l’un des premiers photographes de guerre de l’histoire du journalisme et une forte personnalité.

Né à Prague, ce bel homme, cosmopolite, sympathique, buveur, courageux et parfois même romantique était fait pour l’aventure.

Le jour J, des centaines de milliers de jeunes Américains, en route vers les plages de Normandie, s’entassaient sur des péniches de débarquement, terriʰés par les explosions des bombes de la défense allemande. Certains vomissaient leur petit déjeuner dans les chars amphibies, mais personne ne se plaignait.

Personne ne perdait son temps à ces détails. Parmi eux, Capa vériʰait fébrilement l’état de ses appareils photo, comme si ce rite de photographe pouvait lui faire oublier le bruit tonitruant des canons ennemis.

Un coup sec secoua la péniche : ils avaient touché terre. Sous le bruit assourdissant des bombes, le sergent cria de toutes ses forces à son peloton :

« Tous dehors, vite ! Regroupement à vingt mètres ! En avant ! ». Et il sauta dans l’eau, le fusil au-dessus de la tête, le cœur battant à tout rompre.

Les jeunes gens débarquèrent en trébuchant, les yeux rivés sur le dos de leur supérieur. Car le pire aurait été de perdre de vue leur sergent, leur unique guide dans cet enfer. La confusion était à son comble : pelotons au pas de course, de toutes parts cris, explosions… Capa imita les autres et se jeta à terre à une vingtaine de mètres en ʰxant la nuque du sergent. La voix du « vétéran  »

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moustachu de vingt-cinq ans se ʰt de nouveau entendre : « On recommence :

vingt mètres en courant et regroupement ! En avant ! » Et, comme propulsé par des ressorts, il gravit la dune.

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Langue : français