Extrait :

Avant de devenir un colosse populaire à la crinière argentée, aux gilets étonnants, barrés d’énormes chaînes, le fils du général Alexandre Dumas fut un adolescent mince et rêveur, qui débuta discrètement.Lorsqu’il eut vingt ans, il abandonna son chef-lieu de canton natal pour venir chercher fortune à Paris. Ses études avaient été fort médiocres mais, grâce au souvenir de son père, qui commanda l’armée des Alpes pendant la Révolution, grâce aussi à sa belle écriture, il réussit à trouver un emploi chez le duc d’Orléans, futur roi Louis-Philippe. Il n’avait aucun goût pour le métier de rond-de-cuir et son salaire de cent francs par mois lui semblait maigre. Même en ce temps-là – cela se passait en 1823 –, cette somme ne permettait point les fantaisies. Dans sa mansarde de la place des Italiens, le jeune homme connut bien des nuits sans sommeil, absorbées par le travail.Des désirs furieux bouillonnaient dans ses veines où coulait le sang noir de sa grand-mère, mêlé au sang bleu de son grand-père, le marquis Davy de La Pailleterie. Comme tout bon romantique, il a cruellement souffert de sa pauvreté. Il se croyait poète et composait des vers qui ne manquaient pas de flamme