Extrait :

Or, la formule zarathoustrienne de la nécessité est l’Eternel Retour, dont

l’image est fallacieuse et propre à nous laisser entrevoir une conception

cosmologique naïve, et le travail d’un visionnaire à la fantaisie

passablement éreintée. Il faut en effet prendre garde de ne pas croire que

l’Eternel Retour recouvre l’idée selon laquelle ce qui est reviendra pour être

déjà advenu, et que nous sommes en quelque sorte les ectypes de nousmêmes tels que nous fûmes autrefois : la nécessité ne se livre pas à une

production industrielle de l’Etre ! L’Eternel Retour concerne en réalité une

répétition dont le détail n’a pas à être déterminé. Dieu merci, « ce pitre

d’Offenbach » ne renaîtra pas plus de ses cendres que « ses bouffonneries »

de l’oubli auquel elles sont destinées. Manière de dire que l’Eternel Retour

concerne ce qui a lieu, et non pas ce que nous avons fait de ce qui a eu lieu,

il concerne l’activité de l’Etre et non pas les décalques spéculatifs de cette

activité, esthétiques, moraux, religieux ou politiques. Autrement dit, s’il est

permis de parler de l’Eternel Retour du même, c’est parce que le « même »

n’est, authentiquement, que le devenir dans son inaltérable « volonté » de

déploiement, le devenir en tant que volonté et la volonté en tant que

devenir .

 

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