Extrait :
Quant aux artistes à millions, comme les Jeff Koons, Damien Hirst ou Robert Ryman, leur talent créatif n’aurait pas suffi, pas même émergé s’ils n’étaient managés ou promus par des galeristes comme Gagosian ou Saatchi, ayant parfaitement intégré les mécanismes du business de l’art.
Ces tribus d’individus créateurs, qui tirent un considérable parti financier de notre société marchande, créent de nouvelles catégories de fortunes. Mais le talent est rarement héréditaire ; ce ne sont donc pas des fortunes dynastiques. Leur ampleur est décuplée par rapport à ce qu’avaient accumulé leurs prédécesseurs il y a une ou deux générations. C’est que tout ce système, fondé sur la réputation et la notoriété, est hypertrophié, chaque jour et à toute heure, par la machine médiatique à répandre partout et immédiatement news et célébrité.
De même, chacun se rend compte que la complexité de nos sociétés s’accroît de manière exponentielle. Plus personne n’est en mesure de connaître les détails et les ressorts des systèmes à l’œuvre, y compris dans son propre métier. Nombreux sont les grands banquiers, au-delà de la cinquantaine, qui reconnaissent ne plus tout à fait comprendre les arcanes de la spéculation à la vitesse de la lumière que permet le numérique.