Extrait :

« Ce n’est pas un sentiment », me lance Ike, mon mari, de l’autre bout de la cuisine, la voix pleine d’un enthousiasme mêlé d’autosatisfaction. Le regard que je lui renvoie est loin d’être aussi satisfait. Ce jour-là, de retour d’un séminaire de Marshall Rosenberg sur la communication non violente (CNV), il essaie de me dire que, d’après ce qu’il a appris, mes mots ne décrivent pas des « sentiments ». Je suis hélas incapable d’entendre son enthousiasme ou de comprendre cette idée, trop occupée à rejeter sa tentative de « me dicter comment parler ».

Lorsque nous racontons cette anecdote dans les séminaires de CNV que nous animons ensemble aujourd’hui, nous la considérons comme le

contre-exemple parfait des principes que nous partageons dans ce livre.

Pourtant, la difficulté que nous avions à nous comprendre à l’époque n’était rien à côté de ce qui s’est passé quand nous avons commencé à

« utiliser » cette technique avec nos trois adolescents. Nous en rions aujourd’hui, mais la période où Ike puis moi-même avons entrepris de revoir notre façon de faire ce que nous pensions savoir faire – à savoir communiquer – a été une période difficile.

La parole est le propre de l’homme. Le nouveau-né produit des sons pour exprimer ses besoins, et le premier mot que prononce un enfant est fêté. La parole permet à la société de fonctionner à tous les niveaux. Rien ne semble donc plus naturel que de recourir à la parole pour exprimer ses besoins et réagir aux besoins des autres.

Pourtant, contrairement à cette simplicité apparente, la parole naît d’une interaction de facteurs. Nos pensées, nos croyances et nos

perceptions façonnent en profondeur notre langage, qui reflète notre monde personnel.

Format : pdf

Taille : 3 MB

Langue : français

Passer à la page suivante pour le téléchargement