Extrait :
Je culpabilise, tu culpabilises, nous culpabilisons
S’il ne se manifeste pas chez tout le monde avec la même intensité, ni
pour les mêmes raisons, ni dans les mêmes circonstances, le sentiment
de culpabilité semble bien être le lot de la plupart d’entre nous et
malheureusement une émotion largement répandue : Marie culpabilise
de n’avoir pas été assez disponible pour ses parents lors de leur
dernière visite, Xavier de ne pas avoir fait l’effort de prendre sa voiture
pour raccompagner Nicolas, Luc d’avoir commis une maladresse,
Sandrine de ne pas avoir bouclé ses dossiers avant de partir, Raoul
d’avoir refusé une mission, Bernard de ne pas voir son fils davantage,
Yves de ne pas réussir à s’engager, Noémie de ne pas aller voir sa mère
plus souvent, Isabelle de ne pas épauler assez son mari, Sylvie d’avoir
divorcé et placé son fils en pension, etc. Il est même fréquent de
culpabiliser de se culpabiliser !…
Pire, un certain nombre de personnes éprouve un très fort sentiment de
culpabilité sans même en avoir conscience : une anxiété constante, des
échecs à répétition, une forte insatisfaction quant à sa propre vie, une
incapacité à se faire plaisir ou à suivre son « désir » sont souvent les
signes d’une culpabilité profonde.
Anodines ou existentielles, les situations dans lesquelles on réussit à
culpabiliser sont très nombreuses et varient à l’infini. Les raisons
peuvent d’ailleurs en être opposées ; les uns se culpabilisent de
travailler trop quand d’autres se culpabilisent de ne pas travailler assez,
certains se sentent coupables d’être ambitieux, certains de ne pas l’être
suffisamment, d’autres d’échouer, d’autres de trop bien réussir…