Extrait :

Ce faisant, on réhabilite l’opinion, qui n’est pas une croyance

molle ou une venté peu ngoureuse, mais bien la matière de notre

vie quotidienne, le ciment de notre adhésion à la vie et le

fondement de nos choix les plus essentiels. La croyance dans les

vertus de l’égalité par exemple, qui fonde beaucoup de choix

dans tous les domaines (en politique, l’égalité des votes), n’est

ni une venté ni une fausseté, c’est une opinion forte En tant que

telle, l’égalité, comme valeur, est discutable, on peut y adhérer

plus ou moins fermement, on peut l’argumenter avec rigueur,

mais elle échappe à l’espace de la démonstration On serait tenté

d’ajouter heureusement ‘ Car vouloir démontrer scientifiquement les valeurs ne peut conduire qu’au totalitansme

Outre les philosophes, les littéraires s’occupent, depuis un

certain temps, d’argumentation Ce sont d’ailleurs eux, en

France, qui ont mission de l’enseigner dans les cycles secondaires Ils ne le font le plus souvent qu’avec le poids de

l’embarras dans lequel les place l’ambiguïté de certains

progammes scolaires, qui réduisent l’argumentation à l’étude de

quelques figures de style Argumenter, dans une perspective

littéraire, se réduit finalement à une présentation esthétique, qui

fait plus appel à la séduction du beau qu’au raisonnement

ngoureux

Les linguistes, quant a eux, ont développé de nombreuses

théories sur la dimension argumentative contenue dans la

langue Mais leurs interrogations, si riches et passionnantes

soient-elles — on pense en particulier à celles d’Oswald Ducrot

[1988] —, constituent plus l’élément d’une recherche sur la

langue en général que sur les situations de communication

qu’implique le partage d’opinions Leurs travaux sont toutefois

ceux qui sont les plus proches, de ce point de vue, de la problé-matique des sciences de la communication