Extrait :

Je vous propose de commencer par synthétiser les deux idées bien établies qui

ont déjà été largement explorées jusqu’ici.

1. Le sentiment de culpabilité est nécessaire à l’évolution de la conscience

humaine (ou en serait une conséquence). Ce sentiment « d’être fautif »

permettrait aux hommes de pouvoir discerner « ce qui est bien » de « ce qui

est mal ». De là, ils en viendraient à terme à ne réaliser que des actes positifs

et bons. Le sentiment de culpabilité, lié à la conscience, permettrait ainsi

d’éviter que l’homme ne fasse n’importe quoi, à l’image d’un animal ou d’un

enfant non encore éduqué.

Cette vision est largement développée par les religions, par la psychologie, la

sociologie et par la société dans son ensemble, ne serait-ce qu’au travers des

institutions judiciaires. Le problème ne vient pas de cette vérité, car il s’agit

effectivement d’une facette de la culpabilité, mais de son utilisation par le

« socioculturel1 » : toutes les organisations établies – que ce soit au niveau des

religions ou des États – se sont servies de la culpabilité pour manipuler les êtres

humains. Il est donc difficile de croire que ce sentiment puisse être libérateur au

final, puisqu’il est utilisé à des fins détournées. Quand une intention n’est pas

correcte, tout acte devient nocif. Il est délicat pour un être humain de faire la

différence et la part des choses entre ce qui est admis, le socioculturel par

exemple, et les situations de la vie quotidienne.

2. Le sentiment de culpabilité empêche l’homme d’être libre. À l’inverse,

beaucoup de personnes trouvent que ce sentiment empoisonne leur existence

et les empêche de vivre libres. Elles sont toujours à anticiper sur l’acte juste à

poser, l’attitude correcte à avoir, l’image positive à donner et passent des

heures à ressasser leurs erreurs de jugement. À la longue, c’est évidemment

insupportable. Elles en viennent donc à ne plus pouvoir exister normalement.

Le sentiment de culpabilité devient paralysant et il faut s’en débarrasser.

Certains en profitent alors pour le projeter sur les autres, devenant ainsi des

persécuteurs.