Extrait :
Camille est une étudiante d’une vingtaine d’années. Elle me consulte pour
« un manque de confiance en elle ». Dès qu’elle commence à m’expliquer
son problème, les émotions la submergent. Elle se mord les lèvres, presse son
poing sur sa bouche, retient ses larmes et s’excuse en boucle de son
hypersensibilité, tout en essayant désespérément de se reprendre et d’avancer
dans ses explications. Peu à peu, à travers ce qu’elle me raconte, se dégage le
portrait d’une jeune fille brillante et créative qui n’a pas d’échec notoire à son
actif. Au contraire, à son grand étonnement, elle valide l’un après l’autre
chaque semestre universitaire. Tout va objectivement bien. Malgré cela, plus
le temps passe, plus elle doute d’elle-même. Les autres étudiants semblent
prendre de l’assurance au fur et à mesure qu’ils avancent dans leurs études.
Ils se confortent dans leur orientation et peu à peu trouvent leur place dans la
société. À l’inverse, Camille se sent de moins en moins à sa place et se
demande si elle a fait le bon choix d’orientation. Chez elle, c’est un sentiment
d’imposture qui grandit.
Dans sa vie sociale, elle se sent également différente des autres. Les centres
d’intérêts et les conversations de ses camarades sont en décalage permanent
avec ce qui lui parait réellement important et intéressant. Dans les soirées,
brusquement, il se produit un étrange décrochage à l’intérieur d’elle-même.
Tout à coup, elle se demande ce qu’elle fait là et pourquoi les autres semblent
prendre tant de plaisir à cette soirée vaine et superficielle. Toute la gaieté
ambiante semble factice. Alors, elle n’a plus qu’une envie : rentrer chez elle
au plus vite.