Extrait :

C’est ainsi que s’exprime une dame d’une soixantaine d’années, qui consulte, accompagnée de sa fille de quarante ans, pour son fils de vingt-huit ans, étiqueté comme « schizophrène ». Le jeune homme d’une trentaine d’années, rétif à tout traitement, est absent lors de cette consultation.

La fille évoque son père de manière analogue : « C’était un démon et nous en avions peur… » Les deux femmes me parlent de lui en des termes qui suscitent ma curiosité. Quelque temps plus tard, après plusieurs séances sans lui, le « démon » apparaît enfin. Je me trouve devant un homme de soixante-sept ans, ouvrier à la retraite, qui donne de la même scène une version bien différente : « Mes collègues, après le travail, rentraient chez eux pour trouver une famille accueillante et, quand ils me racontaient ça, j’étais vraiment triste. Moi, je craignais tellement de rentrer chez moi et de voir ma femme et mes enfants me regarder comme une bête sauvage que je traînais dans la rue pour retarder le plus possible le moment où j’allais devoir faire face à cette famille qui me traitait ainsi. Quand j’arrivais.