- Extrait :
Je me souviens parfaitement des questions qui me hantaient les jours précédant ma première rentrée des classes en tant que professeur : Serais-je à la hauteur ? N’avais-je pas l’air trop jeune ? Les élèves me prendraient-ils au sérieux ? Seraient-ils intéressés par le cours que je projetais de faire ?
Essai Seraient-ils de me déstabiliser ? Parviendrais-je à les maîtriser ? Serais-je soutenue par la vie scolaire si je donnais une punition ? Les élèves punis m’en voudraient-ils jusqu’à la fin de l’année ?
Aujourd’hui encore, une grande partie des questions que je me posais alors continue à m’habiter chaque veille de rentrée… et je ne connais guère de collègues, soucieux de garantir de bonnes conditions d’apprentissage, qui ne soient pas préoccupés par la rencontre avec leurs nouveaux élèves.
Car une classe constitue un groupe vivant, unique et imprévisible, évoluant tout au long de l’année avec, ou, dans le pire des cas, contre le professeur. Les enseignants expérimentés savent bien que rien n’est jamais acquis, surtout avec des adolescents, et que ce qui séduit les uns à un moment donné ne convaincra pas forcément les autres.
Cette adaptation constante invite donc à la modestie et balaie d’un revers de main toute recette miracle qui prétendrait garantir une gestion de classe invariablement optimale. Enseigner demande la capacité de changer de point de vue, de posture, de méthodes, pour s’adapter sans cesse à l’âge des élèves, à leur niveau, à leurs centres d’intérêt, à leur approche de la matière, à leur rapport à L’autorité, et à bien d’autres facteurs encore.