Extrait :
Notre problème est que cette forme de puissance et d’intelligence ne
constitue pas un sujet d’étude, et elle est auréolée par toutes sortes de
mythes et d’idées fausses qui ne font qu’en épaissir le mystère. Nous
imaginons que la créativité et le génie arrivent de nulle part, fruits d’un
talent naturel, d’une humeur favorable ou d’une conjonction astrale. Il serait
immensément utile de résoudre cette énigme, de donner un nom à ce
sentiment de puissance, d’étudier ses racines, de définir le type
d’intelligence auquel il conduit et comprendre la façon dont on peut le
produire et l’entretenir.
Appelons cette sensation la maîtrise – la sensation d’avoir davantage
de prise sur la réalité, sur les autres et sur nous-mêmes. Pour beaucoup,
cette expérience n’est que passagère, mais pour d’autres – les maîtres dans
leur domaine –, elle devient une habitude, une façon de voir le monde.
(Parmi tant de maîtres, citons Léonard de Vinci, Napoléon Bonaparte,
Charles Darwin, Thomas Edison et Martha Graham.) Et à la source de ce
pouvoir, il y a un processus simple et accessible à tous.
Ce processus peut être illustré de la façon suivante : pour apprendre
par exemple le piano ou occuper un nouveau poste, on a besoin d’acquérir
certaines compétences. Au début, on est totalement étranger à l’affaire. Nos
premières impressions du piano ou du milieu de travail sont fondées sur des
préjugés, nous éprouvons une certaine crainte. Quand on commence l’étude
du piano, le clavier a quelque chose de rebutant : on ne comprend pas les
relations entre les touches, les cordes, les pédales et tout ce qu’il faut pour
faire de la musique. En débarquant dans un nouveau milieu de travail, on
ignore les relations de pouvoir, la psychologie du chef, les règles et
procédures considérées comme essentielles au succès. On est désorienté :
on se sent dépassé par la quantité de connaissances à acquérir