Extrait :
Le débat qui oppose unité et diversité est, souvent, mis en relation avec la
classification proposée par le philosophe Isaiah Berlin (1953) dans son ouvrage
Le hérisson et le renard. Essai sur la vision de l’histoire chez Tolstoï. Berlin
classait les penseurs en deux catégories : (a) les hérissons qui tentent de tout
rattacher à un seul système, à une seule vision et (b) les renards, qui suivent des
chemins multiples et différents, sans tenter de les rapprocher. À l’origine de cette
proposition se trouve la phrase de l’un des grands poètes lyriques grecs,
Archiloque (712-648) : « le renard sait beaucoup de choses, mais le hérisson sait
une chose importante ». Berlin a transformé cette phrase en métaphore pour
désigner deux types de penseurs et écrivains. La pensée et l’action des hérissons
sont guidées par une vision unique des choses et sont structurées par un
ensemble de principes qu’ils considèrent comme universels. À l’opposé, les
renards sont pluralistes, se mesurent à de nombreuses situations, poursuivent de
nombreux buts et prennent pour primordiales des choses particulières, concrètes.