Extrait :
Un livre sur la manipulation prête toujours à controverse.
Il est vrai que le sujet est délicat, et que les victimes
d’une manipulation ne s’en remettent parfois jamais
totalement.
Certains pensent que donner les « tuyaux » et les
« ficelles » de la manipulation vise à généraliser des
attitudes où l’autre est considéré comme un objet de
plaisir, de jouissance. D’autres, au contraire, estiment que
la connaissance des mécanismes de la manipulation
permet davantage de s’en prémunir.
Dans une vision optimiste, qui rejoindrait une logique du
progrès, augmenter la connaissance et les lumières sur un
sujet permet de libérer l’être humain de chaînes
obscurantistes. Ainsi, un livre sur la manipulation
participerait à la diffusion de connaissances destinées à
éclairer le lecteur sur les ressorts cachés des aliénations
masquées.
Dans une vision cynique, plus la connaissance se
diffuse, plus elle se développe. En somme, la logique
serait guerrière : si je connais la stratégie de mon ennemi,
alors mon ennemi n’aura de cesse d’élaborer des
stratégies encore plus subtiles. Quelle que soit la vision,
progressiste ou cynique, elle est une affaire de croyance.