Extrait :
Personne n’est parfait. Personne n’est normal. S’il y a une certitude que m’ont apprise les pratiques de la psychiatrie et de la psychothérapie, et la vie en général, c’est que nous portons tous notre lot de petites (ou grandes) boiteries de l’âme. La normalité, ou même la santé, ce n’est pas l’absence de problèmes et de souffrances — il y en aura toujours, au moins à certains moments, au moins à un certain degré —, c’est ne pas les avoir laissés prendre le dessus sur nous, ne pas leur avoir permis de peser sur notre vie et notre qualité de vie. Il fut un temps où l’on taisait ses souffrances : on n’en parlait pas, car on craignait d’être déconsidéré et dévalorisé en les révélant. De plus, il n’y avait pas de solutions proposées, sinon faire un effort de volonté pour les dépasser ou ne pas y penser. Aujourd’hui, et c’est un grand progrès, nous n’avons plus honte de reconnaître nos fragilités et nos travers, et nous sommes mieux informés sur leurs origines, leurs mécanismes, et surtout sur les moyens de les surmonter. Nous savons aussi que si nous ne nous occupons pas de nos petits travers, de nos petites souffrances, il est possible qu’elles se mettent peu à peu à exercer sur notre quotidien une influence discrète mais tenace. Au début, on nous trouvera pittoresques ou originaux